La palette de Pierre

La palette de Pierre

Fracas

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Musique de Maurice Jaubert du film de Marcel Carné " Le quai des brumes " (1938)

 

 

 

 

 

 

 

 

 Rappel, n'oubliez-pas de visiter la rubrique LEXIQUE 

donnant des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques :

Lexique Antonin, Saison 5 , Episode 1, Fracas 

 

ainsi que la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé"

 Sommaire de La passion d'Antonin

 

et la rubrique CHRONOLOGIE

Chronologie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fracas

 

 

 

 

Le murmure de l’âtre aux vapeurs de regrets

Recrache la rancœur de profonde infortune,

Et les flammes luisant d’un jeu qu’on larguerait

Semblent décourager tout exil sans fortune.

 

 

Anne touille au chaudron le bouillon du maudit,

Ce marquis de Tuyère1, en ragoût d’amertume,

Et se prend à prédire un sort qu’elle applaudit,

Rejetant ses parents et ce sot en costume. 

 

 

Funeste est son silence aux fumées du destin

Quand elle a découvert son atelier lugubre,

Ses vitraux saccagés par quelque clandestin,

Et son four tourmenté de cendres insalubres.

 

 

La grisaille2 ruisselle effaçant les couleurs,

Assombrissant l’écho des reflets de lumière,

Anesthésiant le cri des larmes de douleur,

Puis asphyxiant de plomb sa passion coutumière.

 

 

Faut-il qu’ils soient félons pour avoir fracassé

Sa tanière de joie, son port de solitude,

Sa cabane de verre aux reliefs concassés,

Sa litière sauvage en d’autres latitudes.

 

 

Jean s’est préoccupé d’ouvrir chez les cacous3

Un gîte fort discret près de la Malpeaudrie4,

Trompant la récompense espérée par beaucoup,

Piliers d’estaminet et niais en batterie.

 

 

Austerlitz a construit un four près des remparts,

Arguant de son besoin pour sa miséricorde

D’aider les malheureux dont la lèpre3 s’empare,

En forgeant leurs outils pour mieux tresser leurs cordes3.

 

 

Alors, se faufilant vite entre chiens5 et loups,

Précédant Antonin, puis Jean couvrant leur suite,

Ils éventrent le noir en semant les jaloux

Et soufflent la fusion de leur cristal en fuite.

 

 

Leur petit pavillon œuvrant près des lépreux

Rallume les étoiles de feux colorés

En ravivant l’espoir d’Anne et de ses trois preux

D’assembler un abri teint du verre éploré.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Ce nouveau personnage de ma saga, « marquis de Tuyère » n’est que de pure fiction tirée de ma romance et toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite.

 

2 La grisaille en langage de vitrailliste consiste à peindre en noir ou brun le plus souvent par-dessus des verres colorés avec une préparation vitrifiable (cuite à 600°), notamment des portraits, des animaux, des blasons ou parfois des paysages.

 

3 comme je l’indique dans mon petit lexique (au § « Lexique Antonin, saison 5, Épisode 1, Fracas ») les « cacous », « caquins » ou « caqueux » Bretons étaient autrefois des populations marginalisées suspectées de lèpre et donc exclues des cités, devant vivre en leur périphérie près des remparts des villes. Ils exerçaient généralement le métier de tonnelier, mais plus souvent celui de cordiers.

 

4 Les « malpeaudries », « malpeaudreries », « caquineries » ou « maladreries » étaient à l’origine des léproseries, servant d’habitations aux cacous. À Pontivy (Napoléonville dans ma saga), il existe encore une ancienne malpeaudrie proche des remparts du château (comme c’est le cas dans ce poème).

 

5 L’expression « entre chien et loup » s’écrit normalement au singulier, mais je l’ai mise au pluriel pour éviter un hiatus poétique.

 

 

 

Pierre Barjonet

Décembre 2021

 

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29/03/2022
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