La palette de Pierre

La palette de Pierre

Puanteur

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" Borodino"

Illustration originale de Pierre Barjonet - Avril 2024 - 40/30 -

Sanguine et pierre noire.

 

N.B. Cliquer sur la photo pour l'agrandir

(comme d'ailleurs, pour toutes les illustrations)

 

 

" Ouverture solennelle 1812 - opus 49 " de Pyotr Ilyitch Tchaikovsky

Увертюра 1812 года

 

Tchaikovsky composa cette ouverture en septembre/novembre 1880

en commémoration de la retraite de Russie lors de la campagne de la Grande-Armée en 1812.

 

à écouter en lisant le poème

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conseils pour mieux suivre le déroulement de votre saga :

 

N'oubliez-pas de visiter la rubrique du sommaire

avec un "résumé" de l'épisode en cours :

SOMMAIRE

 

ainsi que la rubrique chronologique :

CHRONOLOGIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Puanteur

 

  

 

Serrées sur leur carriole encaissant les chemins

Meurtris de fondrières et gadoues stagnantes,

Les femmes font silence en craignant que demain

Ne leur réserve un sort de souffrances prégnantes.

 

 

Mais au détour d’un tertre apparaît la vision

De nuages de corbeaux se mariant aux collines,

De rapaces planant aux champs des divisions1,

De rongeurs et de loups rampant sous les berlines.

 

 

L’odeur insupportable empeste des charniers,

Décomposant chevaux et les restes de membres

Des malheureux puant où que vous vous tourniez,

Baignant de pluie mêlant leur sang depuis septembre2.

 

 

Face à Borodino1, Liouba vomit sa peur

Et tremble de frissons devant l’horrible scène,

Alors que Natacha traverse ces vapeurs

Stimulant leur cheval poissé de boues malsaines.

 

 

Joseph au grand galop, rattrape ce convoi

Pour le guider au creux de l’immonde Camarde3

Qui se réjouit encore en étouffant la voix

Des soldats égarés qu’aligne l’avant-garde.

 

 

Liouba l’apercevant ose un rire nerveux,

Puis saisit le mouchoir que Joseph lui présente

Et s’y plonge apaisée recouvrant ses cheveux,

S’enivrant de cette eau de Cologne4 apaisante.

 

 

Rose a repris les rênes souriant à Joseph,

Lui murmure un merci pour son aide galante

Et s’écarte bientôt des morbides reliefs

Faits de ces corps pourris en saignées déferlantes.

 

 

Le soir auprès des feux, les vivants sont fourbus,

Mais leur appétit non, dévorant leur tambouille,

Buvant à perdre souffle en trinquant aux barbus,

Au petit Caporal5, à ceux qu’on débarbouille.

 

 

Et les chansons s’en mêlent offrant aux tambours,

La parade des cœurs pour les belles de France.

Et les promesses fusent de s’aider toujours6

Sur ces terres vomies jusqu’à la délivrance.

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Mars 2024

 

 

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Saga poétique romancée « Le carnet gelé » créée par Pierre BARJONET

a/c janvier 2023

Saison 3 « glacial », Poème 4 « Puanteur » (Mars 2024)

 

   

 

 

 

 

 

 

 

Au 28 octobre 1812, Napoléon parvient sur le site de la bataille de la Moskova (Borodino en russe). Le « spectacle » est effrayant, car des milliers de morts jalonnent le terrain, lui-même haché par les tirs d’artillerie, les charges de cavaliers, la lutte au corps à corps des fantassins et la rudesse des combats pour prendre et reprendre les redoutes en hauteur... Tous ces corps d’hommes tués, fracassés et mutilés donnant lieu à des « montagnes de membres » alors amputés par la bataille puis par les chirurgiens, pourrissent d’autant plus lentement que le froid vif qui règne alors les « conserve » ... Inutile de souligner la puanteur infecte de ces restes putrides dévorés en partie par des chiens errants, des loups et les rapaces. Le grand écrivain Russe Léon Tolstoï (1828/1910) a parfaitement décrit l'horreur de la bataille dans son ouvrage célèbre " La guerre et la paix " (ou " Guerre et paix ") écrit de 1864 à 1869, sachant que dans un premier temps il l'avait intitulé " 1805 " en référence à la bataille d'Austerlitz, mais que s'étant ensuite rendu sur le champ de bataille de Borodino, il en changea le titre...

 

Et soudain, apparaît un miraculé, un survivant, 52 jours après cette boucherie. Un grenadier ayant perdu ses deux jambes, qui réussit à survivre en se réfugiant dans la carcasse d’un cheval mort. Il s’en nourrit en le mangeant petit à petit et étancha sa soif dans une rivière couverte de cadavres... L’Empereur aussi surpris que consterné ordonna qu’on prît soin de ce malheureux en lui faisant une ambulance sur l’un de ses chariots. L’histoire montrera que pour lui, comme pour tant d’autres, ce ne fut qu’un bref sursis...

 

 

 

NOTES DE LECTURE ET DE SITUATION HISTORIQUE

 

 

1 Il s’agit là, des divisions ayant combattu sur le champ de bataille de la tragique confrontation de la Grande-Armée avec les armées russes de Koutousov à Borodino (pour les Russes) ou dite de la Moskova (pour les Français). Bataille gagnée par Napoléon, mais tragique par son bilan meurtrier : 6.562 morts et 21.450 blessés côté Français, pour 45.000 morts et blessés côté Russe.

 

2 La bataille de la Moskova s’était déroulée le 7 septembre 1812, à « l’aller » (rappelez-vous mon poème Moskova), et la retraite de la Grande-Armée y repasse près de 60 jours plus tard, le 28 octobre. Vainqueurs, les Français avaient pu retirer leurs blessés et enterrer en partie leurs morts, mais pas les Russes.

 

3 La Camarde désigne, en nom propre, la mort.

 

4 L’eau de Cologne était fort recherchée alors. Et Napoléon 1er s’en aspergeait généreusement quotidiennement. Il en utilisait de 30 à 40 flacons par mois, soit largement plus d’un par jour, habitude qui lui venait de la campagne d’Égypte ! On dit même qu’il en buvait quelques gouttes avant chaque bataille... Son fidèle serviteur et second valet de chambre, Ali (Louis Étienne Saint-Denis) qui l’accompagna à Sainte-Hélène, et qui faisait également fonction de bibliothécaire, copiste, secrétaire, intendant, transmit la composition de cette eau de Cologne réalisée sur place, avec les moyens du bord,  en remplacement de celle qu’il utilisait en France, et dont l’absence d’importation lui pesait. Depuis 1819, cette eau a été réalisée en respect de la formule transmise par Ali et s’appelle « L’authentique eau de Cologne Napoléon 1erEmpereur ».

 

5 Le petit Caporal est un surnom donné à Napoléon 1er par ses hommes lorsque Premier Consul, il avait montré du courage contre les troupes autrichiennes durant la Campagne d’Italie à Lodi en 1796. Ainsi, les soldats avaient imaginé lui attribuer un nouveau grade à chacune de ses victoires, en commençant par le plus petit, celui de caporal. Mais ce fut celui-ci qui restera dans l’Histoire...

 

6 Déjà, les hommes redoutaient que l’esprit de corps et la solidarité ne s’altèrent que trop vite, au fil des événements...

 

 

 

QUELQUES ILLUSTRATIONS

 

 

N.B. Photos tirées en partie du site " Russia Beyond " qui retrace entre autres, et à mon avis de façon fort objective, l'histoire de la Russie.

Voir le site en suivant ce lien : Russia Beyond français

 

 

 

Cartes de la bataille de la Moskova (pour les français)

ou de Borodino (pour les russes)

N.B. Voir mon poème " Moskova " (Saison 1)

 

 

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La bataille...

 

 

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Le feld-Maréchal Mikhaïl Koutouzov (1745/1813)

 

 

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et l'Empereur Napoléon 1er (1769/1821) en face...

 

 

napoléon assis sur un tambour à la bataille de Bautzen mai 1813

 

 

photo tirée du film " Guerre et paix " d'après Léon Tolstoï

et dédicace de son réalisateur russe Sergueï Bondartchouk

 

 

 

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Le champ de bataille aujourd'hui...

 

 

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Le musicien Pyotr Ilyitch Tchaikovsky,

qui composa l'ouverture solennelle " 1812 - opus 49 " en 1880

en commémoration de la retraite de Russie

lors de la campagne de la Grande-Armée en 1812.

 

 

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Léon Tolstoï à 20 ans (1848) puis en 1897 et 1908 dans son bureau.

 

 

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L'eau de Cologne favorite de Napoléon 1er

 

 

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21/04/2024
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